L’effet de mode
En France, la tranche des 18-25 ans de cette génération n'est pas concernée par cette tendance au vapotage selon le Dr Amélie Henry-Lefèvre, médecin généraliste au Service Santé de l’Université Claude Bernard. La population des 15-17 ans est plus touchée. C’est au lycée qu'ils commencent généralement cette expérience. Pour ces jeunes vapoteurs qui ne sont pas fumeurs pour la majorité, le risque peut être important. Et cela d’autant plus qu’à cet âge, les individus sont vulnérables et à la recherche de soi : ils sont susceptibles de tomber plus facilement dans l’addiction. C'est pourquoi, en connaître les conséquences sur la santé est essentiel.
Le vapotage serait-il une porte d’entrée vers le tabagisme chez les jeunes ?
Selon un rapport de l’OFDT en 2017, plus de 50 % des jeunes de moins de 17 ans, ont déjà utilisé la cigarette électronique en France.
Si pour le marché de la cigarette électronique, la consommation croissante des jeunes est "un argument trompeur des lobbies du tabac", l’effet de mode est bien réel. L'usage reste cependant "occasionnel" selon l'OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies).
Sur des plateformes de partage, il n’est pas rare de trouver des adolescents se mettant en scène en train de vapoter. Certains évoquent même la notion d’« art ».
La réponse semble se profiler. Au contraire, ce nouvel objet électronique aurait ringardisé la cigarette du XIXième siècle, elle l’aurait même détrônée. Les ventes de cigarettes classiques sont en déclin en France depuis 25 ans, soit 53 milliards d'unités vendus en moins de 1991 à 2017. Cette même année, l'usage de tabac atteint un niveau historiquement bas chez les jeunes de 17 ans, soit 34 % contre les 53 % enregistrés pour le vapotage.
Pourtant, la vente de e-cigarettes ou de ses composants est interdite aux mineurs depuis la loi « Hamon » de mars 2014. Si les jeunes sont rares à se présenter en boutique, c’est un jeu d’enfant de s’en procurer sur Internet. Le web regorge d’ailleurs de plusieurs sites de vente qui semblent même pour certains, être destinés aux jeunes. Un design enfantin en forme de dessin, des e-liquides aux arômes de friandises, de bonbons ou encore de boissons très consommées chez cette tranche d’âge, le doute se fait sentir sur les intentions de certains vendeurs. (Exemples ci-dessous, avec les captures d'écran de quelques sites.)
Pourtant, la loi prévoit des restrictions sur l'affichage des e-liquides, pour protéger les mineurs et éviter leur attraction vers ces produits.
© Capture d'écran du site de la DG CCRS
(Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes)
La tendance chez les jeunes est cependant à relativiser puisque la majorité des vapoteurs sont des fumeurs. Elle n'est cependant pas à négliger. L'effervescence des adolescents et jeunes adultes autour du tabac à l'époque a conduit à des millions de fumeurs dépendants et aujourd'hui en danger. L’argument de santé aurait-il encouragé le développement cette mode ? Assistera t-on dans quelques années aux mêmes scénarios dramatiques que ceux du tabac ? Seules les études permettront de lever le voile sur le flou des réels effets de l'e-cigarette sur la santé.